AVEC Ph. KNAEPEN MR, UN COPIER-COLLER DE L'ICDI?


Chère Madame Fabro,
 
Je prends connaissance de votre courriel du 12 mai 2014 dont le contenu m’interpelle à de multiples égards.
 
Tout d’abord, je puis vous assurer que ma prise de position s’appuie sur une parfaite connaissance du dossier et de ses enjeux, que je vais d’ailleurs tenter de vous développer ci-après.
 
Si je puis totalement vous rejoindre sur la gestion calamiteuse du passé de l’intercommunale et son caractère totalement inacceptable, vous devez reconnaître que la manière avec laquelle elle est gérée aujourd’hui a radicalement changé.
 
Plus particulièrement, l’Unité de Valorisation Energétique fonctionne, depuis plusieurs années, avec professionnalisme, expertise et une réelle transparence.
 
Vous n’êtes pas sans savoir aussi que les normes d’émission imposées aux incinérateurs sont de plus en plus drastiques et je m’en réjouis d’ailleurs. Pour l’exemple, les émissions de dioxines des incinérateurs wallons ne correspondent plus qu’à moins de 1% du total des dioxines émises en Wallonie.
 
Les résultats de l’étude récemment menée sur la qualité de l’air de la zone ne ciblaient d’ailleurs nullement les activités de l’incinérateur de l’ICDI mais plutôt l’influence des dépôts diffus de matériaux parsemées ci et là sur la qualité de l’air.
 
Pour le surplus, la modernisation décidée par le Conseil d’administration en août 2010 entraînera davantage d’amélioration encore sur ce plan.
 
Vous devez avant tout comprendre qu’il n’est pas dans mon intérêt, en tant que mandataire communal d’une entité associée, de défendre un investissement qui ferait partie des « travaux inutiles » de notre région. Nous ne pouvons bien évidemment pas nous le permettre.
 
Aussi, je ne puis accepter que vous qualifiiez cet investissement de « gaspillage indéfendable » pour les raisons qui suivent.
 
Tout d’abord, je vous rappelle que la décision du Ministre Foret était conditionnée à la réalisation d’une infrastructure similaire du côté de Mons qui n’a jamais été construite… De plus, depuis 2003, de nombreuses décisions ont été prises par le Gouvernement wallon pour modifier et actualiser la politique de gestion des déchets, en ce compris les plans d’investissement des intercommunales qui ont été approuvés respectivement en mars 2006 et 2009.
 
La stratégie de traitement de déchets développée par l’intercommunale a fait l’objet de nombreuses études scientifiques depuis 2009. Il est faux de prétendre qu’elle y privilégie l’incinération. En effet, elle s’inscrit parfaitement dans la hiérarchisation des modes de gestion des déchets en favorisant par ordre croissant la prévention (avec des budgets conséquents dépensés chaque année et une équipe d’animateurs qui est la plus grande de Wallonie), la réutilisation puisqu’elle a mis sur pied avec succès une Ressourcerie et la collecte des déchets organiques avec le développement du système de collecte des poubelles à puce qui ne peut véritablement pas se développer partout dans sa forme actuelle. Cela étant, c’est plus de 100.000 habitants qui sont couverts par ce système aujourd’hui, soit plus de 25% de la population desservie par l’ICDI.
 
C’est l’ensemble de ces mesures qui permettent de limiter le gisement des déchets résiduels à traiter et donc la capacité de traitement à 110.000 tonnes (rappelons que le permis de 2004 autorise une capacité de traitement de 138.000 T/an).
 
Il ne faut d’ailleurs pas perdre de vue que l’Unité de Valorisation Energétique ne traite pas que les déchets des ménages mais également ceux des communes affiliées, en ce compris les dépôts clandestins, ainsi que des encombrants broyés collectés au sein du réseau de parcs de recyclage de la zone. Je ne dois pas non plus vous préciser que la population de notre zone va augmenter significativement ces prochaines années.
 
Ceci explique, si vous l’ignoriez, que l’ICDI doit depuis plus de 10 ans, envoyer 10.000 à 15.000 tonnes de déchets résiduels dans des centres de traitement extérieurs car son incinérateur n’arrive pas à les traiter en raison de son fonctionnement actuel. Cela représente une charge de plus 1.500.000 € dont on pourrait aisément se passer !
 
La difficulté de ce dossier est que chacun s’improvise « expert » alors que le dossier est complexe. Il faut donc pouvoir s’appuyer sur les démonstrations scientifiques étayées par les spécialistes du secteur.
 
Je dois encore vous préciser qu’à ce jour, il n’y a pas de surcapacité de traitement au niveau des incinérateurs wallons. Pour preuve, toutes les installations d’incinération tournent à plein régime et aucune d’entre elles n’est ou n’a été à l’arrêt faute de déchets.
 
La décision que le Conseil d’administration de l’intercommunale et les communes associées ont prise s’impose donc comme une « évidence », une priorité incontournable. 
 
Nous ne voulons en effet pas être contraints d’envoyer des milliers de camions de type semi-remorque sur la route au départ d’un centre de stockage qui serait situé sur le site de Pont-de-Loup et payer en contrepartie une lourde facture ! Un tel centre de stockage pourrait également produire d’importantes nuisances pour les riverains proches en terme d’odeur et de charroi lourd.
 
Il est par contre correct de prétendre que l’emploi serait maintenu en cas d’exploitation d’une seule ligne d’incinération. Mais cela aurait pour conséquence de concentrer l’ensemble des charges fixes sur le tonnage de 55.000 T/an. A ces coûts de traitement plus élevés, il faudrait encore ajouter les coûts inhérents à la construction et l’exploitation du centre de transfert susvisé, au transport et au traitement des quantités de déchets que l’on ne pourrait y traiter, ce qui donnerait un coût de traitement global beaucoup trop élevé. En tout état de cause, il n’est pas concevable d’exploiter industriellement une Unité de Valorisation Energétique ne comportant qu’une seule ligne d’incinération. En effet, que ferions-nous en cas d’arrêt de cette ligne pour entretien, maintenance ou encore en cas de panne ? Serait-on obligé de laisser les déchets au bord de nos routes comme ce fut le cas à Naples ?
 
C’est la raison pour laquelle mon positionnement défend avant tout l’intérêt général et surtout celui de notre métropole carolorégienne.
 
Je me permets en définitive d’ajouter que le plan stratégique de l’ICDI qui reprend clairement ces travaux de modernisation a été approuvé à plus de 91 % par les communes associées dont le Conseil communal d’Aiseau-Presles en date du 26 novembre 2013, à la majorité des voix, y compris celles du groupe Ensemble et de sa composante ECOLO.
 
Ces majorités communales ont pris leur responsabilité sur un dossier stratégique pour notre région et heureusement qu’il en est ainsi.
 
Par cette argumentation, je ne tenais pas à vous convaincre de changer votre point de vue que je respecte, mais à vous livrer le contenu du raisonnement ayant conduit à ma prise de position en particulier.
 
Il ne serait pas envisageable, je le pense sincèrement, que la plus grande métropole de Wallonie ne soit pas capable de traiter les déchets que l’ensemble de ces concitoyens génère.
 
Vous souhaitant bonne réception de ces éléments, je vous prie de recevoir, Chère Madame Fabro, mes cordiales salutations.
 
P. Knaepen
Echevin
 
PS : Je vous remercierai de bien vouloir publier cette réponse sur votre blog.

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Monsieur Knaepen,

merci pour votre prompte réponse.
Nous avons lu votre courriel avec attention mais quelques affirmations nous étonnent.

"Parfaite connaissance du dossier"... du dossier de l'icdi, sans prise en compte des approches contradictoires:
un son de cloche est-ce une approche réellement scientifique?

"Qu'il y ait des améliorations par rapport aux années 90" nous ne le nions pas, et j'ajouterai qu'il ne manquerai plus que ça! Cela n'empêche pas que même réduite, la pollution existe toujours, qu'elle s'ajoute à tout notre passif dans ce domaine et cela sans parler des incidents récurrents tel que celui que nous avons dû encore subir ce dimanche 18 mai.

" L'étude qualité de l'air ne ciblait pas l'incinérateur". C'est exact et bien dommage.

"La modernisation améliorera encore la situation" Bien sûr, un nouveau four polluerait moins que l'actuel four 3... mais l'absence de nouveau four ne polluera plus du tout! Par ailleurs, comparer les concentrations de polluants dans les fumées est un élément du problème, le volume de fumée en est un autre, proportionnel au tonnage incinéré.

"La décision du Ministre Foret était conditionnée à la réalisation d'autres infrastructures" mais il ne s'agissait pas d'incinération et ce n'est pas parce que le politique a abandonné les alternatives qu'il peut se permettre de nier sa responsabilité en présentant l'incinération comme inéluctable.
Le désengagement de Pont de Loup reposait aussi sur la réduction des tonnages à incinérer en développant les ramassages sélectifs et les traitements alternatifs. Cette même majorité a pris énormément de retard et les initiatives en la matière ne se développent réellement que depuis peu de temps. 

" L'icdi s'inscrit dans la hiérarchisation" L'icdi est en retard pour les verres, papiers, cartons et PMC. Selon ses rapports: plus de 32kg par habitants soit 12 000 tonnes par an par rapport à la moyenne et donc pas par rapport aux meilleurs de Belgique.

"100 000 habitants sont couverts par les poubelles à puce"... il est plus exact de dire "seront couverts" lorsque les communes prévues seront fournies.
Se satisfaire, comme vous le faites, de "couvrir" 25% de la population , quel manque d'ambition et prouve que l'icdi privilégie l'incinération!
Peut-on se satisfaire d'un service offert à seulement 1/4 de la population ?
Pourquoi, l'ICDI décide t-elle arbitrairement que les 200.000 habitants de Charleroi, Châtelet et Farciennes en seront privés ?
N'y aurait-il que des buildings dans ces communes ?

Pourquoi ne pas aussi réfléchir à la mutualisation dans les grands ensembles ou aux sacs biodégradables ?
Pourquoi, ce qui possible dans de nombreuses métropoles ne le serait pas à CharleroiFarciennes et Châtelet ?

"C'est l'ensemble de ces mesures qui permet de limiter à 110 000 tonnes". C'est totalement FAUX. L'icdi incinère 100 000 tonnes depuis des années bien
AVANT le démarrage des poubelles à puce. 

La référence à la "napolisation" n'est rien d'autre que la dramatisation habituelle de l'icdi. C'est même un argument traditionnel de l'icdi: "si on obtient pas ce qu'on veut, ce sera terrible, les immondices vont s'accumuler sur les trottoirs et les places publiques" . L Cariat avait inaugurer la méthode lorsque M Foret avait annoncé le passage définitif de 3 à 2 fours. En 2007, pour incinérer 160 000 tonnes, même argument de l'icdi en "oubliant" soigneusement de préciser qu'ils voulaient incinérer les déchets d'intersud. Aujourd'hui encore les mêmes menaces. Donc rien de neuf et rien de vrai! 

Quant au coût d'un nouveau four par rapport à l'utilisation d'un seul four, à l'emploi qui ne risque rien, à la surcapacité existant en RW, nous pouvons aussi vous démontrer le bien fondé de nos arguments si vous le souhaitez..

Enfin,quant au Plan stratégique, vous nous étonnez en justifiant votre position dans son approbation par les élus PS, CdH et ecolo d'Aiseau-presles en ignorant le MR d'Aiseau Presles qui s'y est opposé.

Au moment où les alternatives à l'incinération démarrent enfin, vous tentez de justifier le nouveau four voulu par certains politiques, par l'absence des alternatives... freinées par ces mêmes politiques.

Ce que vous appelez "votre" analyse n'est en fait que la répétition de la thèse de l'icdi. Ne vous en déplaise, il n'y a pas les experts icdi d'un côté et ceux que vous appelez dédaigneusement "experts autoproclamés" de l'autre. Nous aussi nous savons lire et compter... sans aveuglement.

Attentifs à l'intérêt général, nous n'oublions pas pour autant les droits et intérêts fondamentaux des riverains, tout comme vous, lorsque vous vous opposez au grignotage des terres agricoles par un zoning pourtant présenté, lui aussi par une intercommunale, comme d'intérêt général.

Le "dossier icdi" n'est pas qu'un cahier de papier ou un exercice comptable, il a déjà engagé la vie, la santé et le lieu de vie de nombreuses personnes, il mérite autre chose qu'un copier-coller des seules intentions de l'icdi.

Avec nos meilleures salutations.

PS: nos échanges seront sur le blog comme pour tous les candidats interpellés et transmis à JP Marique MR d'Aiseau-Presles.

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